dimanche 28 octobre 2007

mémoires d'une canoteuse insomniaque

C'est la deuxième fois cette semaine. Deuxième fois que je me réveille la nuit, incapable de me rendormir. La première fois, j'ai mis ça sur le dos de la lune. Lorsqu'elle est pleine, elle a le dos large. Aujourd'hui, je réalise que je ne suis pas en paix. Mon rêve me fait réfléchir.

Je suis dans un canot. La rivière est calme. Je pagaie. On zigzague un peu. Je me retourne pour réaliser que mon partenaire-canoteur est confortablement calé et profite de la promenade pour se faire griller. Son aviron est sec. Il jette de furtifs coups d'œil aux autres embarcations. Il recherche une rameuse: celle qui aurait une technique irréprochable, celle qui, d'instinct ramerait à l'unisson avec lui, celle qui connait l'itinéraire par cœur. Moi, je panique. J'ai peur de perdre ma place. J'ai envie de ramer encore plus fort, pour démontrer ma valeur. Plus je rame, plus on tourne en rond. J'ai peur de me retrouver à l'eau. Peur que le courant ne m'amène pas où je veux aller. Peur de me noyer. Il a l'air si zen, ne réalise même pas ma panique: comme si sans moi, le courant l'amènera quand même dans le bonne direction. Il faut que je me parle.
"Laisse aller la rame, rentre-la dans le canot. Tu portes un VFI, tu ne peux pas te noyer. Tu as de l'expérience. Profite du soleil qui te réchauffe. Il fait si beau, trop beau pour se faire suer! Quand tu en auras assez, que le canot prendra l'eau ou qu'il n'ira plus où tu le veux, tu nageras jusqu'à la rive. Profite de la ballade, elle pourrait te mener plus loin que tu ne le penses. Laisse aller. Après la rivière, il va y avoir le fleuve, puis le golfe, puis l'océan. Quand tu ne voudras plus faire partie du voyage, tu demanderas simplement à débarquer."
Il faut que je me parle, sans cesse. Je suis comme ça, insécure de nature. J'ai peu de talent pour le plein air zen. Mais le talent, ça s'acquiert. L'important c'est d'avoir de l'intérêt et j'en ai. Cette ballade me plait, il faut juste se souvenir qu'il s'agit d'une ballade et pas d'une course! Si c'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est en suivant doucement le courant qu'on devient canoteur placide.

1 commentaire:

MÉLAMINE a dit…

Personnellement, j'aime pas vraiment le canot... Mais pour ce qui est de se laisser glisser au gré du courant, sans tout contrôler, tu sais ce que j'en pense ; on en a assez discuté :)