vendredi 7 décembre 2007

incapacité temporaire

Le syndrome de la page blanche me hante.
J'ai envie de vous parler de l'homme qui rôde, qui rôde toujours. Je ne trouve pas les mots. J'aimerais partager avec vous le fait qu'il a quitté mon lit depuis moins de 4 heures et que s'il faisait signe maintenant pour me dire que finalement, il a pris congé et qu'il veut partager quelques heures supplémentaires en ma compagnie, je laisserais ce texte en plan pour aller le rejoindre, où qu'il serait. Vous parler de son sourire, de sa main dans mon dos, de sa peau, de chacune des parties de son corps, à vrai dire, qui sont projetées sur l'écran de mes souvenirs. Vous demander si la nostalgie ça doit impliquer un souvenir lointain? Vous expliquer que je me sens nostalgique d'un souvenir vieux d'un peu moins de 4 heures... Vous dire que j'ai peur, peur de trop bien comprendre ce qui se passe dans sa tête. Peur, parce qu'hier, à distance, sans l'intonation de sa voix, j'avais détecté la tension dans son être, alors que lui en a pris conscience qu'en arrivant dans mon monde. Peur parce que, tout le temps qui s'est écoulé entre le moment où j'ai détecté cette tension et le moment où il est arrivé chez moi, j'ai scénarisé les pires histoires de déception à 1$. Vous dire que chaque mouvement de l'homme qui rôde ralentissant la course de notre relation me terrorise.
J'ai aussi envie de vous donner des nouvelles de Papa Moderne, qui entre en désintox ce dimanche. Vous dire que j'y crois plus ou moins. Vous expliquer la culpabilité que je ressens chaque fois que mon esprit en arrive à la conclusion que pendant le temps où il va être là-bas, je pourrai écouter les nouvelles sans craindre que le chauffard récidiviste d'alcool au volant qui a frappé une fillette au coin d'une rue, se soit lui. Vous confier que depuis une quinzaine d'années, j'attendais avec impatience le moment où il s'avouerait alcoolique et que maintenant que c'est fait, bien je ne ressens aucun soulagement, aucune euphorie, je ne ressens rien. Vous avouer que je pense que je n'ai plus de coeur, plus de coeur pour lui.
J'aimerais être capable de vous parler de mes amis et collègues de travail que j'apprécie tant. Ceux que je n'ai pas beaucoup vu cette semaine, étant donné la tempête et le travail qui m'enterrait. Vous parler de mon coéquipier qui arrive aisément à faire sortir des confidences de toutes huîtres refermées sur elles-mêmes. Vous parler de la spécialiste en contrôle conjugal qui prend en pitié les hommes contrôlants qui, finalement, ne l'ont pas facile. Vous parler de la secrétaire au grand coeur, qui est sans doute le femme la plus positive que j'ai jamais rencontrée. Vous parler de l'infirmière de l'esprit qui ne fait que passer, avec son sourire plein de sous-entendu. Vous parler du grand boss dont, faut le voir pour le croire, le médecin traitant semble avoir enfin trouver la dose optimale de Ritalin. Vous parler du moyen boss qui se magasine un burnout à une vitesse folle. Vous parler de la petite boss que revient d'un congé et qui, avec le pas de recul qu'elle a pris, semble trouver les situations plus ironiques que décevantes. Vous parler de mon milieu de travail où la folie voisine la sagesse et où les fous ne font pas tous partie de la clientèle.
J'aurais aimé trouver les mots pour vous parler de chacun de ces sujets, mais j'en suis incapable.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu vois Cendrillon, c'est pour cela que j'écoute des films de science fiction; pour décrocher de cette réalité parfois grise qui nous rend dans des moments "d'incapacité temporaire" devant une page blanche. Loin de moi l'idée de fuire, mais bienvenue la pause du cerveau!
En passant, il faudra que tu m'expliques le truc de la spécialiste en contrôle conjugale qui prend les hommes violents en pitié...hihihih
NANIE